Serviteurs de l'Evangile au Togo

Voici des nouvelles reçues le 2 mars 2010 des missionnaires Serviteurs de l'Evangile au Togo

Chers frères et sœurs dans la foi,
 
Il y a un an déjà, le 22 janvier 2009, nous sommes arrivées à Lomé (capitale du Togo) et nous avons fait le long voyage en voiture pour traverser le pays et arriver jusque notre cher Diocèse de Dapaong. Tout au long de cette année, nous avons découvert ce que le peuple vit durant l’année civile et liturgique : les fêtes traditionnelles, danses, coutumes, de nombreux baptêmes, confirmations, mariages collectifs, funérailles, professions de religieuses et religieux, pèlerinages, inauguration d’une paroisse, fondation de nouvelles communautés... Et tout dernièrement l’ordination d’un prêtre diocésain, et la fête de Noël.
 
La phrase qui recueille le mieux l’expérience vécue pendant cette première année est : « Dieu a été grand avec nous et nous sommes joyeux ». Nos ancêtres (comme ils disent ici) chantaient déjà cela et nous continuons à le chanter des années après parce que Dieu continue son Histoire du Salut dans l’Humanité, dans ce petit coin du monde et en nous. Dieu nous a menées jusqu’ici car, bien que tout le monde ici croit en Dieu Créateur (ce n’est pas comme en occident), il leur manque l’expérience personnelle d’un Dieu proche, Père tendre, ami fidèle, époux, … qui peut remplir une vie et la rendre heureuse. Et en même temps, nous faisons l’expérience que Dieu nous a menées jusqu’ici pour nous : il veut nous rendre heureuses et à mesure que grandissent nos premières et tendres racines dans ce peuple africain, nous ressentons la joie de sa Présence amoureuse entre nous.
 
Dieu nous a gâtées à travers beaucoup de paroles et gestes humains : combien de fois on a frappé à notre porte simplement pour nous dire « bonjour », «eh, ça fait longtemps qu’on ne vous a pas vues, comment ça va ? » ! Beaucoup de gens sont passés chez nous, en commençant par les plus petits, les enfants (nous pouvons dire qu’ils commencent à faire partie de la maison parce qu’ils sont continuellement ici), puis les adolescents, les couples, les consacrés, les prêtres et l’Evêque qui nous montre beaucoup d’affection. Au début on avait un gardien dans la maison quand nous n’étions pas là, on nous disait que le quartier n’était pas fiable. Mais maintenant qu’ils nous connaissent ce sont nos propres voisins qui surveillent la maison. On peut même dire que nous avons un « portier » parce qu’ils savent tout de nos allées et venues, et si quelqu’un appelle lorsque nous ne sommes pas là, ils lui disent que nous sommes parties à tel ou tel endroit.
 
Dieu nous a surtout gâtées dans nos frères et sœurs dans la foi. Nous avons beaucoup d’exemples à ce sujet mais aujourd’hui nous vous racontons l’amitié qui s’est créée avec les communautés qui sont arrivées presque en même temps que nous : les sœurs adoratrices et les sœurs de Don Orione (Cotolengo). Cette amitié se noue sûrement parce que nous sommes unies dans le même enthousiasme dans l’Esprit de commencer une nouvelle fondation, et dans la pauvreté, aussi dans l’Esprit, de souvent ne pas savoir comment et quoi faire. Nous avons fêté ensemble nos anniversaires, participé aux célébrations d’inauguration des maisons, nous avons étudié ensemble, prié ensemble, etc. A Noël, les sœurs de Don Orione ont passé 2 jours chez nous pour fêter les rois mages : elles ont été nos premières hôtes ; pour elles, nous avons aménagé une pièce qui nous servait de débarras, pour leur faire un dortoir. Nous avons échangé des cadeaux et mangé un gigot d’agneau : on s’en est léché les doigts !
 
Il y a eu aussi des moments difficiles où nous nous sommes appelées pour nous demander de prier les unes pour les autres, pour solliciter de l’aide, des conseils, une présence, etc. On se souvient d’un moment où les sœurs Adoratrices avaient des problèmes avec le constructeur de la maison, de graves problèmes, au point de devoir aller en justice. Elles ont passé un mauvais moment, elles nous ont appelées pour les aider pour la traduction en français, puisqu’elles ne le parlaient pas bien, et Chole est allée au jugement avec elles. Mais dans le fond elles nous appelaient aussi pour qu’on les encourage.
 
Beaucoup de gens admirent les missionnaires dans les pays pauvres et la labeur que nous faisons, mais d’où nous vient la force pour cette générosité sans mesure si ce n’est du Christ. Si nous affirmons que le noyau de la vie chrétienne est la mort et résurrection du Christ, c’est vrai pour nous aussi : nous ne sommes pas des héros d’un film dans lequel nous faisons et réussissons tout avec nos propres forces. Nous sommes des simples hommes et femmes qui, chaque jour ont besoin de Dieu et des frères, sans cela nous ne pouvons rien. De cette manière comme vous voyez, le nombre de vrais frères augmente et le Royaume grandit.
 
L’année est passée et maintenant nous vivons un moment différent. Au début tout était nouveau : par exemple la rencontre avec un prêtre était le sujet de nos conversations, ou la célébration liturgique avec des danses était un motif de fête en arrivant à la maison en essayant de danser avec eux. Maintenant que nous avons vu beaucoup de choses et connu beaucoup de gens, nous entrons dans une étape de plus de monotonie mais non moins belle, nous la nommons l’étape de Nazareth. Jésus a passé de nombreuses années dans sa maison fabriquant des meubles, profitant du climat familial et affectueux, apprenant à écouter Dieu dans ce qui est humain et à exprimer l’amour également dans l’humain. Nous ne fabriquons pas de meubles, mais nous étudions le français, nous cuisinons chaque jour, faisons le ménage, allons au marché, rendons visite à quelqu’un, marchons toujours sur les même routes, donnons de l’eau aux enfants, jouons avec eux, et Anne-Vé (qui parle français) donne des cours de religion, de confirmation et commence à travailler à Radio Maria. Cette année, Cristina et Ma Amparo se sont lancées dans la catéchèse des enfants.
 
Dieu nous touche directement au cœur lorsque nous avons besoin d’approfondir notre foi pour trouver des réponses aux questions existentielles : comment intégrer l’urgence missionnaire avec le chemin lent d’apprendre à exprimer l’amour à nos frères ? Quel sens a ce temps ? En vérité la réponse est loin d’être facile quand chaque jour autour de toi tu vois beaucoup, mais vraiment beaucoup de besoins à tous les niveaux, matériels et spirituels. Non seulement tu les vois, mais les gens te sollicitent continuellement, et pendant ce temps tu es à Nazareth. Ce n’est pas facile de voir que ton apprentissage lent du français, la petite balade que tu fais pour étirer les jambes, ou la petite heure hebdomadaire de cours de religion, sont en train d’alimenter beaucoup de frères qui veulent être confirmés alors qu’il n’y a pas de catéchistes pour cela, que tout cela atteint les enfants dénutris du dispensaire, que tu es en train de donner la liberté des « enfants de Dieu » à une jeune fille qu’ils veulent marier selon la coutume traditionnelle avec un homme qu’elle ne connaît pas, et qui ne pourra pas faire autrement…
 
Même si parfois nous expérimentons la lutte intérieure, nous croyons profondément que ce n’est pas un temps d’attente, les bras croisés, et pour cela nous continuons. Ste Thérèse nous avait déjà préparés pendant la retraite cet été pour comprendre que le plus important et le plus efficace ce n’est pas faire beaucoup d’œuvres, mais faire les petites choses de chaque jour avec la qualité de son amour. Nous imaginons que Jésus a vécu son quotidien avec cette conscience, mais c’est vrai qu’en même temps l’Esprit travaillait son cœur en vue de la vie publique qu’il aurait à vivre plus tard, et nous croyons que c’est ce que l’Esprit est en train de faire en nous.
 
Quand tu es en terrain connu et contrôles les choses, il y a encore beaucoup de toi-même, mais quand tu es en terrain inconnu et ne sais pas communiquer avec l’autre qui est très différent parce qu’il a une autre culture, le ton est bien différent, tu te sens dans un continuel apprentissage, comme un grand enfant, dans une humilité permanente. Le ton du cœur avec lequel Jésus a sauvé l’Humanité est celui d’un cœur humble et doux, et nous comprenons que c’est ainsi que Dieu veut le notre.
 
Les paroles de St Augustin nous vont comme une bague au doigt : « Tu veux construire un édifice élevé ? Pense d’abord au ciment de l’humilité ; plus l’édifice sera haut, plus tu dois creuser les ciments en profondeur. Creuse en toi le ciment de l’humilité et tu atteindras le sommet de l’amour. » Nous croyons que nous sommes en train de collaborer avec l’Eglise dans la construction du Royaume, c’est un grand édifice, n’est-ce pas ? Et bien, pour que l’édifice ne s’écroule pas à la moitié, le Seigneur a besoin de mettre de bons ciments, des cœurs doux et humbles comme Jésus, pauvres de nous-mêmes afin que son cœur soit notre seul ciment.
 
Ce qui nous donne aussi la paix, c’est de savoir qu’il y aura toujours une grande distance entre ce que nous faisons et ce qu’il y a à faire, il fera le reste. Pour tout cela nous voulons continuer à chanter « Dieu a été grand avec nous et nous sommes joyeux ».
 
Nous découvrons également que Dieu veille sur nous à travers vous, lorsque vous portez vos petites croix de chaque jour avec Jésus, lorsque vous priez pour nous, lorsque vous nous écrivez ou nous appelez. Que pourrions-nous faire ici sans vous ? Rien, nous n’aurions pas la force, ni la lumière pour continuer ; il y aurait longtemps qu’on aurait baissé les bras face aux forces du mal, car c’est une vraie catapulte de savoir qu’on a des frères et sœurs qui croient profondément qu’on peut vivre l’Evangile et qui essaient de vivre le Royaume.
 
Avec tout ce que nous vous racontons, ne croyez-vous pas qu’on a beaucoup de raisons d’être heureux et de rendre grâce à Dieu ?
 
Merci à tous les Serviteurs et toutes les personnes qui collaborent avec nous, nous vous demandons une chose, continuez à croire que l’homme a une grande capacité à faire le Bien à son proche, car Dieu est avec nous. Très unis en Celui qui est notre Ciment, nous vous embrassons,
 
Communauté du Togo
 

N'hésitez pas à leur donner des nouvelles, nous savons que cela fait toujours du bien quand on loin.... Voici leur adresse courriel : servidorestogo@hotmail.com

                   et leur adresse en France:

Missionnaires Serviteurs de l'Évangile
47 avenue de liège
59300 Valenciennes
03.27.41.43.55/ 06.89.34.99.18

 

Article publié par Coopération missionnaire • Publié le Lundi 22 mars 2010 - 15h25 • 5809 visites

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